Le Dr Ève Villemur est nutritionniste, formée à l'homéopathie, l'acupuncture et les TCC (Thérapies Cognitives et Comportementales). Elle est spécialiste de la prise en charge comportementale des personnes en surpoids. Découvrez les réponses aux questions que nous lui avons posé sur son livre Maigrir grâce à mes 3 cerveaux !
Pourquoi parlez-vous de 3 cerveaux ? Quels sont-ils ?
Lorsque j’évoque 3 cerveaux qui nous gouvernent je fais référence à :
- notre cerveau rationnel: celui qui analyse, comprend les choses et leur fonctionnement. Il a besoin des bonnes informations pour que nos choix (notamment alimentaires et comportementaux) soient cohérents par rapport à nos aspirations.
- notre cerveau émotionnel: celui qui permet notre survie mais prend souvent le pas sur le précédent ; il peut en effet être déréglé, hypersensible et entraîner des comportements que nous préférerions ne pas avoir. Il a besoin d’être apaisé, mais autrement que par la nourriture. Il nous est donc important d’apprendre comment faire !
- notre cerveau intestinal: nous découvrons de plus en plus à quel point cette zone d’échanges incroyables est intelligente et conditionne nos comportements. Notre intestin dialogue en permanence avec notre cerveau-organe.
Ces 3 cerveaux doivent donc travailler en bonne intelligence afin que nos comportements soient en accord avec ce que nous désirons faire (avoir une alimentation-santé notamment).
Comment trouver l'harmonie entre les 3 cerveaux pour perdre efficacement et durablement du poids ?
Il va s’agir d’apprendre à apaiser notre cerveau émotionnel autrement qu’en bâillonnant temporairement nos émotions par du grignotage ou des crises hyperphagiques. Pour cela, des techniques issues des TCC (Thérapies Cognitives et Comportementales) sont très efficaces et relativement faciles à apprendre dès lors que l’on vous les explique de façon imagée et que l’on vous donne les moyens de les appliquer au quotidien.
Cela permet de laisser le cerveau rationnel faire son travail : de bonnes décisions en fonction d’une motivation éclairée.
Mais cela ne se fera pas durablement sans veiller au bon fonctionnement du corps dans son ensemble (foie, thyroïde, hormones…) et surtout de l’intestin, cet organe qui n’est pas seulement une zone d’échanges, de filtre mais qui est également à l’origine de la production d’éléments indispensables au bon fonctionnement du cerveau (les neurotransmetteurs entre autres).
Avec la Nutrition Comportementale Individualisée, est-il possible de perdre du poids sur le long terme ?
L’objectif de la NCI est précisément de permettre de perdre du poids et de le stabiliser sur le long terme en modifiant profondément les habitudes et les attitudes par rapport à la nourriture.
Elle agit sur 3 axes indissociables pour une réussite dans la durée :
- la tête: en modifiant les pensées responsables d’émotions négatives, sources de compensation et dérapages alimentaires, et en entretenant une motivation orientée vers un objectif qui a du sens : ce sens, qui est à la fois la signification et la direction, va bien au-delà des chiffres d’une balance car il s’agit de mettre « plus de vie dans la vie ».
- le corps: en le remettant en mouvement et en développant une bienveillance à l’égard de son image – un juste amour de soi.
- et enfin, bien entendu, l’assiette qu’il faudra apprendre à rééquilibrer tant sur un plan nutritionnel que micronutritionnel.
N’est-ce pas trop compliqué d’apprendre à gérer ses émotions autrement qu’en compensant avec la nourriture ?
Mon objectif est d’expliquer simplement des choses qui peuvent paraître complexes au premier abord. En vérité, depuis 25 ans que j’utilise ces techniques dans mon cabinet, je ne doute absolument plus de la capacité des personnes à apprendre assez rapidement ces théories et à les mettre en pratique. Même les enfants comprennent ce qu’est leur pilote automatique et comment lui « rabattre son caquet » pour reprendre les commandes de leur vie !
Cette méthode est-elle applicable par tous ?
Tous les conseils que je donne dans mon livre, qu’il s’agisse des exercices pour mieux gérer ses émotions, des grandes lignes diététiques, des recettes, des mouvements proposés lors du rendez-vous corporel minimum quotidien, des réflexions menées sur la bienveillance corporelle ou le sens de la vie sont accessibles et utiles pour tous (ils l’ont été pour moi aussi !). Cela ne signifie pas qu’ils suffiront dans absolument tous les cas. Parfois il sera nécessaire de les compléter par une approche médicale auprès d’un spécialiste pratiquant la Nutrition Comportementale Individualisée, c’est-à-dire ayant une bonne expertise en TCC (Thérapie Cognitive et Comportementale) Nutrition et Micronutrition.
Combien peut-on espérer perdre de kilos en un mois avec cette méthode ?
Cette question est toujours sous-jacente dès lors que l’on commence un programme alimentaire pour perdre du poids. En vérité, même si on peut en moyenne compter sur la perte d’un demi à un kilo par semaine, il est quasiment impossible d’y répondre avec certitude et précision. Pourquoi ? Parce que cela dépend de multiples facteurs : y aura-t-il des dérapages alimentaires en lien avec des événements ? Sans parler des écarts visibles, la personne prend-elle bien ses doses de protéines, de fibres, ne mange-t-elle pas sans le savoir trop de sucres cachés ? Quel est son métabolisme de base c’est-à-dire combien de calories lui faut-il par jour pour maintenir son poids actuel ? Augmente-t-elle efficacement ce métabolisme de base en faisant un peu d’exercice physique régulier ? Ne présente-t-elle pas un intestin enflammé qui bloque le processus d’amaigrissement ? Etc. C’est la raison pour laquelle le chiffre est assez imprévisible. En définitive, la question n’est pas là, car elle vous met encore un peu plus la pression ! Je vous conseille de vous fixer davantage sur votre processus d’épanouissement que sur les chiffres froids d’une balance. L’essentiel est d’avancer jusqu’à votre objectif-santé et bien-être… quel que soit le temps que cela prendra !
Merci à Ève Villemur pour ses réponses.
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