Camille Sfez vous parle de La puissance du féminin, un ouvrage clé pour ouvrir la conscience vers le « féminin sacré », réconciliant l'âme, le cœur et l'esprit.
Qu’est-ce qu’être une femme aujourd’hui ? Quel lien avec le féminin sacré ?
Comme l’a très bien exprimé Annick de Souzenelle : « la rencontre avec le féminin ne procède pas de l’acquisition d’un savoir ; c’est la rencontre avec le mystère des choses ». Il n’y a pas de définition toute faite, c’est un chemin vers la connaissance de soi et de l’histoire des femmes. La place des femmes n’a pas toujours été celle de dominées ou de tentatrices comme l’histoire le dit. Aux environs de 6 000 av. J.C. nous sommes passés de « her-story » racontée par les femmes à « his-story », l’Histoire écrite par des hommes, les scribes. De Grande Déesse-mère, gardienne de la vie et de ses mystères, elle se retrouve enfermée entre les archétypes de la mère ou de la putain, voire brûlée comme sorcière lorsqu’elle exerce son pouvoir de guérison. Le Féminin Sacré est cette étape de notre histoire collective où les femmes avaient une autre place.
Pourquoi les cercles de femmes et les tentes rouges sont-ils importants pour renouer notre puissance créatrice ?
Apposer un baume de guérison sur le féminin blessé est un préalabe à l’émergence du Féminin Sacré et des retrouvailles avec sa puissance créatrice et sa sagesse. Le temps est venu, les femmes sont prêtes pour créer des espaces où honorer la diversité de leurs expériences et être pleinement elles-mêmes, se révéler, retrouver toute leur puissance et leur vulnérabilité. Ce sont des lieux sacrés pour écouter les anciennes et accueillir les jeunes filles qui viennent d’avoir leurs lunes, Aujourd’hui, au tréfonds d’elles-mêmes, une voix leur souffle qu’un voile s’est posé sur leur vraie nature et qu’il est temps de le lever.
Comment renouer avec la puissance de son féminin profond ?
Le corps est une formidable porte d’entrée pour se connecter avec son féminin profond. Etre à l’écoute de son utérus et de son sexe de femme est un moyen de se réapproprier cette matrice, qui a souvent appartenu à l’autre (à l’homme dans la sexualité, à la médecine pour les grossesses, à une vision tabou des menstruations). Beaucoup de femmes renouent avec leur féminin à un moment où leur corps se manifeste : grossesse, ménopause, avortement, fausse-couche, endométriose, etc.
Retrouver sa puissance de femme est aussi un chemin pour guérir les blessures, les siennes et celles de sa lignées. Accepter son héritage, pour s’en libérer et donc faire un travail de pardon est fondamental pour échapper au poids de la domination du patriarcat.
En quoi écouter son cycle et son corps aide-t-il à rencontrer la puissance de sa vulnérabilité ?
Le cycle menstruel permet aux femmes d’apprendre à s’ouvrir au monde, lors des phases pré-ovulatoire et ovulatoire, et de s’ouvrir à leur intériorité lors de la phase pré-menstruelle et celles des lunes. Lorsqu’une femme accepte cette vulnérabilité, elle est proche de ses émotions, de son besoin de silence et de repos. Si elle s’autorise à vivre ces moments, elle peut pleinement se prendre dans les bras, se contenir, prendre soin d’elle et alors elle n’a besoin de personne : c’est là qu’elle commence à sentir sa puissance.
Ensuite, elle peut apprendre à créer des rituels, pour valoriser et honorer cette vulnérabilité qu’elle apprivoise de plus en plus : célébration des premières Lunes des jeunes filles, cérémonie du passage de la ménopause, etc. Elle sait que sa puissance se trouve là, en embrassant pleinement sa vulnérabilité.
Merci à Camille Sfez pour ses réponses.
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