Saverio Tomasella, psychanalyste spécialiste des enfants, nous explique comment parler des attentats avec ses enfants.
Les actions terroristes, ces violences extrêmes, sont délibérément au service d’intentions politiques et de stratégies d’intimidation par la destruction et le meurtre pour semer durablement la terreur. Ce que nous ressentons tous, alors, petits et grands, est voulu : la sidération et la consternation. Il semble donc opportun de ne pas regarder trop longtemps ou répétitivement les flots d’images angoissantes relatives aux massacres, car elles font partie de cette volonté délibérée d’anéantir les sociétés démocratiques en épouvantant leurs populations.
En outre, les enfants absorbent les émotions de leurs parents et sont rapidement dépassés par ces émotions si les parents eux-mêmes maintiennent un climat d’angoisse en n’arrivant pas à prendre de la distance avec les sources d’information. Il est surtout bénéfique de rappeler aux enfants que tuer est interdit, qu’il ne s’agit pas d’un jeu mais de la réalité.
Même s’ils sont plus grands, les enfants ont besoin de se sentir protégés et cette protection passe par le fait que les adultes parviennent à prendre et à exprimer une position claire face aux actes terroristes. Pour les enfants qui ont regardé des images qui les ont choqués, il est recommandé de leur demander de décrire les images qu’ils ont vues, ce qu’ils ont ressenti et compris, ce qu’ils en pensent. En grandissant, les enfants arrivent à évaluer la gravité des événements et à exprimer leur révolte.
Au collège, il est possible d’organiser un débat sur la liberté d’expression, en évitant de rabâcher des idées toutes faites, stéréotypées, ou de verser dans des amalgames. Il est important de rappeler que la loi est la même pour tous, sans exception. En conséquence, les criminels sont activement recherchés par la police, l’enquête avance et il y aura un procès.
En cas de trauma grave
Pour celles et ceux qui ont vécu directement, de près ou de loin, ces attentats, ou qui en ont été témoins, ou encore dont un proche a été personnellement éprouvé, il est souhaitable qu’ils puissent bénéficier d’un soutien thérapeutique car il s’agit d’un traumatisme grave.
Le plus souvent, une aide thérapeutique est nécessaire pour retrouver son équilibre et se libérer de l’anesthésie, des angoisses et des cauchemars qui suivent un grand traumatisme. Quoi qu’il en soit, une attitude positive face à la vie favorise les retrouvailles avec soi-même et avec la confiance, qui est aussi l’attitude fondamentale qui aide à avoir moins peur. Par exemple, il est préférable de se focaliser sur ce qui va bien, plutôt que sur ce qui pourrait aller mieux. De même, il est possible de cultiver, en famille ou à l’école, une disposition d’esprit et de coeur qui aide à s’émerveiller devant les bonheurs simples du quotidien…
Ce texte est extrait de Petites peurs ou grosses terreurs de Saverio Tomasella.
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