À travers la vie des grands maîtres d’hier et d’aujourd’hui, Robert Greene nous dévoile le pouvoir qui a permis à quelques-uns de devenir des génies dans leur domaine. Ce pouvoir, qu’il nomme la maîtrise, n’est pas le résultat d’un talent inné, contrairement à l’idée reçue au fil des siècles, mais le fruit d’un apprentissage accessible à tous. Le but de son livre ATTEINDRE L'EXCELLENCE : nous donner toutes les stratégies pour accéder à la maîtrise !
ROBERT GREENE :
"Il existe une forme de pouvoir et d’intelligence qui représente la fine pointe du potentiel de l’homme. C’est la source des plus hautes réalisations et des plus grandes découvertes de l’histoire. C’est une forme d’intelligence qui n’est ni enseignée dans les écoles ni analysée par les professeurs, mais que l’on a tous, à des degrés divers, entrevue personnellement. Cette révélation nous apparaît pendant une période de tension : l’arrivée d’une échéance, le besoin urgent de résoudre un problème, une crise quelconque. Mais elle peut aussi résulter d’un travail opiniâtre sur un projet. De toute façon, la nécessité est mère de l’invention : ce sont les circonstances qui nous donnent une énergie et une capacité de concentration exceptionnelles. Notre esprit est alors totalement investi dans la tâche qui nous attend. Cette intense concentration fait jaillir toutes sortes d’idées, qui nous parviennent de notre inconscient jusque pendant notre sommeil, comme sorties de nulle part. Dans ces moments-là, on dirait que les autres résistent moins à notre influence ; peut-être sommes-nous alors plus attentifs à eux, ou dégageons-nous une aura particulière qui force le destin. En général, on vit sa vie de façon passive, en réagissant au coup par coup à chaque incident ; pendant ces jours et ces semaines particuliers, en revanche, nous avons l’impression de pouvoir déterminer les événements et faire arriver certaines choses.
Ce pouvoir peut s’exprimer de la façon suivante : la plupart du temps, notre cinéma intérieur est fait de rêves, de désirs et de pensées obsessionnelles. Mais dans les périodes de créativité exceptionnelle, la nécessité nous oblige à des résultats. Nous sommes alors contraints de sortir du carcan de nos pensées habituelles et de nous brancher sur le monde, sur les autres et sur la réalité. Au lieu de papillonner dans un état de distraction perpétuelle, notre esprit se focalise et pénètre au cœur d’une certaine réalité. À ces moments-là, on dirait que notre esprit, tourné entièrement vers l’extérieur, est envahi par la lumière du monde qui nous entoure et détecte brusquement de nouveaux détails et de nouvelles idées ; nous avons l’inspiration, nous devenons créatifs.
Une fois la date limite passée ou la crise finie, ce sentiment de puissance et de créativité exacerbée s’estompe. Nous retombons dans notre état de distraction, et notre sentiment de tout contrôler s’évanouit. Si seulement nous pouvions déclencher cet état d’esprit à notre bon vouloir, et d’une certaine façon, rester vivants plus longtemps… Hélas, ce processus apparaît bien mystérieux et indéfinissable.
Notre problème est que cette forme de puissance et d’intelligence ne constitue pas un sujet d’étude, et elle est auréolée par toutes sortes de mythes et d’idées fausses qui ne font qu’en épaissir le mystère. Nous imaginons que la créativité et le génie arrivent de nulle part, fruits d’un talent naturel, d’une humeur favorable ou d’une conjonction astrale. Il serait immensément utile de résoudre cette énigme, de donner un nom à ce sentiment de puissance, d’étudier ses racines, de définir le type d’intelligence auquel il conduit et comprendre la façon dont on peut le produire et l’entretenir.
Appelons cette sensation la maîtrise – la sensation d’avoir davantage de prise sur la réalité, sur les autres et sur nous-mêmes. Pour beaucoup, cette expérience n’est que passagère, mais pour d’autres – les maîtres dans leur domaine –, elle devient une habitude, une façon de voir le monde. (Parmi tant de maîtres, citons Léonard de Vinci, Napoléon Bonaparte, Charles Darwin, Thomas Edison et Martha Graham.) Et à la source de ce pouvoir, il y a un processus simple et accessible à tous."
Extrait de l'introduction de ATTEINDRE L'EXCELLENCE.
Pour en savoir plus : www.robertgreene.fr
Intéressant ! Mais quelle différence entre cette notion de "Maîtrise" et la notion de "Flow" (Mihály Csíkszentmihályi) ?
La nuance est-elle explicitée dans le livre ?
Rédigé par : Kévin Halter | 31 mars 2014 à 13:54