Sandrine Paccher, responsable partenariats
aux éditions Leduc.s depuis fin octobre.
Anciennement agent littéraire chez Lora Fountain & Associates.
Avant d’arriver aux éditions Leduc.s fin octobre, j’étais agent littéraire depuis près de dix ans. On me demandait souvent en quoi consistait mon métier. Voici un petit décryptage…
Dans les pays de langue anglaise, l’agent littéraire est un intermédiaire indispensable entre l’auteur et l’éditeur. Aux États-Unis, par exemple, lorsqu’un auteur désire être publié, il contacte un agent littéraire. Si l’agent accepte de le représenter, il propose alors le manuscrit à une ou plusieurs maisons d’édition et négocie les conditions de la publication du livre, l’avance et l’échelle de droits, entre autres. Il est aussi un intervenant incontournable auprès des producteurs de cinéma.
Les agents littéraires au sens anglo-américain (un agent qui représente un auteur) sont encore rares en France. Un autre type d’agents littéraires est en revanche très implanté chez nous (à Paris en réalité) : on les appelle communément des agents littéraires, mais ce sont plutôt des « co-agent » ou « sub-agent » et les maisons d’édition françaises qui publient des livres étrangers les connaissent bien. On peut citer ainsi : La Nouvelle Agence, l’Agence Benisti, l’Agence Hoffman, l’Agence Michelle Lapautre, ou encore l’Autre Agence et l’Agence Anna Jarota, arrivées plus récemment dans le paysage éditorial. Leur mission principale est de représenter des maisons d’édition étrangères ou des agents littéraires étrangers, ces agences sont en charge de la prospection et de la vente des droits de traduction à des maisons d’édition françaises qui voudraient faire traduire une œuvre en français.
Si un éditeur français souhaite faire traduire et publier un livre représenté par un agent, il lui fait une offre, le rôle de l’agent est alors de négocier les conditions financières et contractuelles. Lorsque plusieurs éditeurs font une offre pour le même titre, ce dernier peut être amené à gérer des enchères. Sa rémunération est la plupart du temps de 10 % des droits d’auteur. Par exemple, lorsque j’étais agent, j’avais proposé les guides pratiques de l’auteur australienne Kaz Cooke, publiée chez Penguin Australia, aux éditions Leduc.s qui en ont acquis les droits français. J’ai négocié l’offre et les conditions du contrat pour chaque livre. Désormais, quatre livres de Kaz Cooke sont disponibles pour les lecteurs francophones dans le catalogue des éditions Leduc.s.
Le métier d’agent littéraire, au sens anglo-américain, existe encore peu dans notre pays et ne concerne que quelques auteurs français, comme Michel Houllebecq, Régis Jauffret, Emmanuel Carrère ou encore Frédéric Beigbeder. Et, bien que les agents littéraires soient de mieux en mieux intégrés et acceptés dans l’édition française, leur existence est toujours l’objet de débats et de réticences, les éditeurs craignent en effet de perdre leur relation privilégiée avec l’auteur ou que l’agent ne fasse trop monter les prix des à-valoirs (les avances sur droits d’auteur). Mais, encore une fois, l’attitude des maisons d’édition a beaucoup changé à cet égard ; pour toute une nouvelle génération d’éditeurs, l’existence d’un intermédiaire entre l’éditeur et l’auteur ne pose pas de problème. Si l’agent apporte un texte ou un projet intéressant, sa présence est légitime. Il en est de même pour l’auteur, si l’agent l’assiste dans l’écriture de son manuscrit ou lui permet de trouver le bon éditeur pour son texte.
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