Dans leur livre COUPLONOMICS, les deux américaines Paula Szuchman et Jenny Anderson proposent une approche inédite de la vie de couple par... l'économie ! Si, si, véridique. Non seulement cette approche a du sens (voir notre billet déjà paru sur la pertinence du lien couple-économie) mais en voilà la preuve dans l'extrait ci-dessous !
EXTRAIT
La loi de l’offre et de la demande
(Ou comment faire plus l’amour)
Le principe
Parlons quelques instants du… fléchissement de la courbe de la demande. Vous vous dites : « Qu’est-ce que c’est que ça ? Elles ne parlent pas de sexualité ? Elles ne disent pas comment s’y prendre pour attiser le désir ? » Vous pensez que nous vous roulons dans la farine en vous présentant une loi économique qui n’a rien à voir avec le sexe, n’est-ce pas ? Eh bien détrompez-vous. Ce chapitre comporte des détails intimes de la vie sexuelle de couples dont nous avons préservé l’anonymat et va vous aider, nous vous le garantissons, à faire plus souvent et mieux l’amour avec l’être aimé. Mais avant d’en arriver là, nous nous devons de vous commenter le graphique si peu sexy ci-dessous.
La sexonomique : Plus il vous en coûte d’avoir des rapports sexuels, moins vous en avez.
Ne faites pas cette tête : il peut sauver votre vie sexuelle.
Ce schéma illustre un principe très simple : quand le coût d’une chose devient trop élevé, vous en voulez moins. Par exemple, quand le prix du lait grimpe en flèche, vous optez pour un café noir. Quand le prix de l’essence devient exorbitant, vous prenez plus fréquemment votre vélo. Quand le prix d’un paquet de cigarettes vous fait reculer, vous vous tournez vers le chewing-gum. Et quand le coût d’un rapport sexuel s’envole, vous préférez regarder la télé en grignotant des chips. Remarque importante : Le « coût » d’un rapport sexuel n’a rien à voir avec des rapports sexuels tarifés. Il ne s’agit pas de payer pour faire l’amour. Pour nous, ce qu’un rapport sexuel vous coûte, c’est ce à quoi vous devez renoncer pour lui – que ce soit quinze minutes de sommeil perdues, des courriels auxquels vous ne répondez pas ou le saut que vous ne faites pas à la supérette du coin pour vous assurer qu’ils ont de la compote de pommes.
À présent, jetez un œil à ce graphique. Sur l’axe vertical vous avez le coût des rapports sexuels et, sur l’axe horizontal, leur fréquence. Observez l’évolution de la courbe quand vous passez d’un coût moyen à un coût très bon marché : vous « sautez » de la fréquence moyenne à la haute fréquence. En revanche, quand vous passez d’un coût moyen à un coût exorbitant, vous dégringolez dans la quasi-chasteté.
Nous avons placé deux couples, X et O, sur la diagonale qui représente la courbe de la demande. Le couple X attribue au sexe un coût prohibitif – ça leur prend trop de temps, trop d’énergie et ça les empêche de faire autre chose. Bref, cela leur demande trop d’efforts. C’est pourquoi ils ne font l’amour qu’une fois par mois. Le couple O, lui, attribue au sexe un coût très bas – dès que les enfants sont couchés, ils en profitent pour se rapprocher sexuellement, et à chaque fois qu’ils en ont envie, ils se le disent aussitôt, d’une façon très directe, au lieu de tergiverser et de rester évasifs. Du coup, ils font l’amour plusieurs fois par semaine.
Ne serait-ce pas merveilleux de faire comme le couple O ?
Le problème, c’est qu’au bout de plusieurs, voire de nombreuses, années de mariage, nous avons tendance à nous rapprocher du profil du couple X et à nous éloigner de celui du couple O. Nous n’allons pas décréter l’état d’urgence dans le domaine de la sexualité (ce n’est pas notre rôle), mais en interrogeant de nombreux couples aux quatre coins des États-Unis, nous avons constaté que la plupart ne faisaient pas l’amour autant qu’ils le voulaient. Plus de 78 % des participants à notre enquête nous disaient qu’ils faisaient l’amour tous les jours ou, du moins, deux à trois fois par semaine au début de leur mariage. Ils ne sont plus que 28 % à avoir gardé cette fréquence aujourd’hui. Une grande majorité des couples mariés – 54 % exactement – avouent qu’ils aimeraient bien faire l’amour plus souvent.
Et ils ont raison. Les études sont de plus en plus nombreuses à montrer l’existence d’un lien entre la sexualité et le bonheur conjugal. Selon le Pew Research Center, les Américains considèrent qu’une sexualité heureuse représente le deuxième facteur de réussite d’un mariage après la fidélité. Et selon la General Social Survey qui étudie le comportement social des Américains, des rapports sexuels plus fréquents correspondent à trois facteurs : 1) être plus jeune (avoir moins de trente ans) ; 2) être marié depuis moins de trois ans ; et 3) s’estimer heureux dans sa vie conjugale.*
Dans notre propre étude, 92 % des individus qui ont des rapports sexuels deux à trois fois par semaine se disent satisfaits ou très satisfaits de leur relation conjugale contre seulement 56 % de ceux qui ont des relations sexuelles tous les deux à trois mois.
« Chez la plupart des couples, il existe une interdépendance entre être heureux et faire l’amour, expliquait Denise Donnelly, professeur de sociologie à la Georgia State University, lors d’une interview accordée au New York Times. Les couples heureux font davantage l’amour, et plus un couple fait l’amour, plus il est heureux. »
Alors pourquoi ne pas le faire ? Qu’est-ce qui vous en empêche ?
Réponse la plus fréquente : « Nous avons trop de choses à faire. » Les couples actuels de tous âges travaillent davantage, se soucient davantage de leurs enfants et se préoccupent moins de leur vie conjugale. Dans notre enquête, la principale raison qu’ils avançaient pour justifier leur manque de rapports sexuels était « trop fatigués », suivie par « pas envie » et « fâchés ».
Certains couples nous disaient qu’ils avaient renoncé à la sexualité ou cessé de se tracasser à ce sujet, soulignant que dans une société où le taux de divorce explosait, avoir son(sa) meilleur(e) ami(e) à côté de soi dans son lit était aussi appréciable qu’avoir un orgasme tous les soirs. Comme l’écrivait la journaliste américaine Caitlin Flanagan dans la revue Atlantic : « Il n’y a rien de tel qu’une cohabitation ininterrompue et des responsabilités écrasantes pour porter un regard lucide et impitoyable sur l’objet du désir. » Sa solution : faire davantage l’amour.
C’est ce que nous préconisons également, et nous avons une stratégie gagnante : réduire les coûts dans ce domaine. Baissez le coût de vos rapports sexuels et leur fréquence va augmenter presque instantanément. Comment ? Par trois moyens.
- Premièrement, améliorez la transparence. La transparence est indispensable au fonctionnement du marché, quel qu’il soit. Autrement dit, ne laissez pas l’autre essayer de deviner si vous avez envie de regarder la télé ou de faire l’amour.
- Deuxièmement, modifiez vos habitudes. Une fois que le pli est pris, qu’il s’agisse de ne plus pouvoir lâcher la télécommande ou de ne pas utiliser de fil dentaire avant l’amour, il est difficile de faire autrement. Quand nous sommes jeunes mariés, nous avons généralement de bonnes habitudes en matière de sexualité. Puis la vie se complique. Nous ne sommes plus employés, mais cadres, nous avons deux enfants, des tonnes de factures à régler et des oignons douloureux aux pieds. Du coup, nous perdons l’habitude de faire l’amour. En reprendre l’habitude n’est qu’une question de réduction des frais initiaux.
- Troisièmement, envoyez des signaux d’information clairs à votre partenaire sur ce que vous voulez exactement et quand vous le voulez exactement. Cela vous évitera de demander à faire l’amour, de refuser de faire l’amour ou d’être éconduit après avoir demandé à faire l’amour.[…]
* Les personnes mariées ont 28 à 400 % de rapports sexuels supplémentaires par rapport aux personnes non mariées, quel que soit leur âge. Le célibat est donc moins favorable aux rapports sexuels.
Extrait de COUPLONOMICS,
de Paula Szuchman et Jenny Anderson
À lire également : Pourquoi marier couple et économie dans Couplonomics ?
J'ai rien compris à ce delire de parisiens ...
Rédigé par : Sam | 19 avril 2012 à 18:54
Il ne faut pas croire, les auteurs sont new-yorkaises ;-)
Rédigé par : Constance Sycinski | 23 avril 2012 à 14:44