Votre plume vous démange ? Vous frémissez d'avance à l'idée d'être l'auteur du prochain best-seller qui bouleversera le marché éditorial ? Ah, le doux plaisir des dédicaces, la fière excitation de recevoir des lettres de vos lecteurs enthousiastes... Un seul bémol : vous n'avez pas encore écrit une ligne de votre chef d'oeuvre. Vous le sentez pourtant, vous l'avez cette fibre créatrice, ce petit élan passionné qui saura donner vie à votre récit ! Mais une question demeure: quelle sera votre idée de départ ? Quel fil rouge suffisemment original permettra à votre oeuvre de naître enfin ?
Réponse de Brigit Hache, extraite de son livre ÉCRIRE ET TROUVER SES LECTEURS :
EXTRAIT
Comment trouver une idée de départ ?
L’idée de départ ou idée de base est la fondation de votre construction. C’est elle qui vous donnera des ailes pour écrire jusqu’au bout le sujet qui vous passionne et par là même, accrocher le lecteur. Pour une fiction, l’idée peut être un lieu, un personnage, une scène forte. L’histoire, le sujet doivent résonner en vous avant d’être écrit sur le papier.
Pour une œuvre de non-fiction, ce sont vos souvenirs, vos recherches, vos observations que vous rassemblez pour créer une œuvre originale. Votre livre est la somme de vos connaissances, de votre expérience, et de vos trouvailles.
Revenons sur vos motivations premières. Sur quoi, pour qui et pourquoi souhaitez-vous écrire un livre ? Tout contribue à trouver une idée forte de départ. Ce peut être aussi une injustice ou un fait-divers, ou encore un souvenir d’enfance. Tout est histoire.
Si pour Balzac "le hasard est le plus grand romancier du monde ; pour être fécond, il n’y a qu’à l’étudier", pour l’auteur en devenir, même si l’envie est forte, il ne sait pas toujours précisément ce qu’il voudrait écrire.
Le plus évident est de se baser sur ce qu’on connaît. Vous risquez moins de vous perdre lorsque vous allez entamer l’écriture de votre livre. Si vous écrivez d’expérience ou sur un sujet connu, cela rend l’écriture plus fluide, plus réaliste. Aucune importance si l’idée et/ou le sujet ont été utilisés par le passé, l’essentiel est d’écrire de manière originale. Un même sujet présenté sous un jour nouveau intéressera à coup sûr des lecteurs. Vous avez le choix entre écrire pour vous-même, pour vous faire plaisir ou écrire pour de futurs lecteurs. Dans le premier cas, vous ne serez jamais édité mais vous aurez pris du plaisir en vous faisant du bien. C’est une écriture autocentrée que l’on retrouve dans la majeure partie des manuscrits de débutants. Ces manuscrits terminent souvent leur carrière à la poubelle si d’aventure, vous les expédiez chez un éditeur.
Dans le second, vous serez obligé de vous mettre à la place du lecteur, de vous « extravertir » pour jouer les deux rôles, celui de l’écrivain et celui de son lecteur. Comment y arrive-t-on ? En se relisant à voix haute.
Il se passe plusieurs mois, voire des années, avant qu’un livre arrive jusqu’aux lecteurs. Attention si vous voulez coller à tout prix à l’actualité, votre sujet risque d’être obsolète au moment où vous mettrez le point final à votre histoire. Vous devez en premier lieu transmettre votre passion et votre intérêt pour le sujet, c’est à ce moment que vous obtiendrez le meilleur résultat.
Comment être sûr que votre idée de départ est la bonne ? Pour ne pas vous perdre dans plusieurs idées
N’oubliez pas que vous devrez accrocher un éditeur, et vos lecteurs en quelques phrases, parfois en une seule !
« Écrivez sur ce que vous connaissez. »
Mark Twain
Une idée forte !
En 1827, est jugé aux Assises de l’Isère, département d’origine de Stendhal, un jeune séminariste qui sera condamné à mort pour avoir assassiné en pleine messe sa maîtresse, épouse d’un notable qui l’avait engagé comme précepteur pour ses enfants.
Ce fait-divers donnera à Stendhal l’idée d’écrire Le Rouge et le Noir.
L’idée n’est rien d’autre qu’un choc entre la réalité et l’imagination d’un auteur.
De l’imagination !
Dans une fiction, vous allez créer un monde où votre imagination va se lâcher. Vos personnages auront leur propre personnalité, leur but et leur faiblesse. Choisissez ce qui vous parle le plus. Approfondissez au maximum leur « existence ». Vivez avec eux. L’histoire se construit aussi dans votre tête, comme un film que vous vous projetez. Faites des fiches sur vos personnages, sur les lieux connus, les situations. Ce qui va faire la différence, c’est votre passion, votre motivation à raconter une histoire. Vous pouvez écrire sur des lieux inconnus, en les étudiant à travers des atlas, des livres ou des documentaires vidéo. Attention tout de même à ne pas donner une impression distante, froide, en utilisant des notices géographiques.
Écrivez comme ça vous vient, sans vous focaliser sur la forme. Ne faites pas de complexe, restez simple. Souvent, dans une première œuvre, la charge émotionnelle est importante et il arrive que l’on veuille écrire pour se libérer d’un passé, d’un secret, et votre récit risque de se compliquer, de devenir trop personnel. Restez « collé » à votre idée de départ.
Noircissez chaque jour quelques feuillets, même si vous n’êtes pas content de vous, persistez ! Écrivez tout ce qui vous passe par la tête. Il y a autant de styles d’écriture que d’écrivains. N’oubliez pas que le début donne le ton et incite le lecteur à continuer sa lecture. L’auteur doit emmener son lecteur par la main, ne pas le lâcher jusqu’au mot « fin ». Le lecteur ou l’éditeur ne se soucient pas de la forme, a priori, d’abord l’éditeur scrute le contenu. Nul ne sera épaté par une érudition importante mais par la qualité de l’histoire. Et c’est à ce niveau qu’on distingue un bon auteur et un amateur qui se prend pour une pointure. Les ateliers d’écriture regorgent de ces « écriveurs » vaniteux qui se voient déjà dans les vitrines des libraires. Ils n’ont jamais achevé le moindre manuscrit mais imaginent que quelques nouvelles suffiront à séduire un éditeur.
Il ne faut pas oublier que les écrivains qui vivent de leur art écrivent tous les jours. Ils maintiennent une régularité dans leur travail. L’inspiration se manifeste lorsqu’on va à sa rencontre. Devant votre ordinateur ou votre feuille de papier, notez, écrivez vos idées, vos sensations, vos émotions. Relisez quelques jours plus tard, notez une évolution, ou au contraire l’oubli ou le rejet d’une pensée ancienne. Je ne le répéterai jamais assez, il faut qu’un auteur lise, et lise beaucoup. Il se nourrit aussi des histoires des autres. Pas pour les plagier, mais pour s’imprégner d’une trame, d’une scénarisation, de l’originalité des personnages et pour enrichir votre vocabulaire. La lecture est la racine de votre imagination. Vous pouvez aussi imaginer des histoires en regardant des photos de famille ou de magazines et en les replaçant dans un autre contexte.
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