L'auteur des 100 réflexes pour manger bio et pas cher répond à toutes nos questions : comment vaincre nos habitudes de consommation ? Arriverons-nous un jour à une alimentation 100 % bio ? Et si ce n'était pas une simple lubie mais plutôt un devoir envers nous-même et notre santé ?
Quelle est la place du bio dans votre vie ? Êtes-vous « bio addict » au quotidien ?
Autant que possible, j'achète des nourritures bio. Mais ce n'est pas toujours simple, par exemple en voyage, au restaurant ou chez des amis qui ne partagent pas ce point de vue… Lorsque je cuisine, les ingrédients sont presque toujours bio ou locaux. Attention cependant à ne pas acheter les yeux fermés : il existe du bio ni écologique, ni éthique, ni diététique !
Comment convaincre les gens qui ne veulent acheter que des fruits et légumes lisses et propres ?L'exigence de propreté du consommateur est légitime ; une carotte lisse est plus facile à éplucher qu'une biscornue, et personne n'aime croquer un ver dans la pomme, même si sa présence prouve que le verger n'a pas été traité à l'insecticide. Carotte tordue et fruit véreux, on est cependant dans la caricature… dans un magasin bio, vous verrez des fruits et légumes d'allure sympathique et appétissante. D'autre part, les fruits et légumes irréguliers ne sont pas nécessairement bio, la certification par Ecocert est précieuse sur ce point. Enfin, les termes « propre » et « sale » posent question : n'est-ce pas plutôt le fruit non bio qui est sali par les pulvérisations de pesticides et de conservateurs, alors que le bio, lui, est indemne et propre ?
Si vous deviez donner seulement 3 conseils à vos lecteurs pour arriver à manger bio et pas cher, ce serait quoi ?1 – mieux acheter (en saison, Amap, vente directe, choisir ses magasins…) voire cueillir ou cultiver soi-même dans certains cas ;
2 – mieux valoriser (en cuisinant un peu, en préparant les restes…) afin de moins jeter.
3 – mieux s'informer, en lisant la presse gratuite dans les magasins et les foires bio, les sites internet de référence… et pourquoi pas acheter mon livre, qui précise tous ces réflexes !
Pensez-vous que le bio et l’approvisionnement local ont une chance de s’imposer dans nos sociétés ?
Le
bio a conquis les médias et les consommateurs, mais pas encore nos
agriculteurs… d'où les importations massives. En France, seulement 2 %
des terres sont cultivées en certification biologique. Pourquoi ? Les
causes sont multiples : une certaine inertie politique, l'influence des
lobbies de l'agriculture intensive, les habitudes des centrales d'achat
de la grande distribution… et les réflexes des consommateurs.
Les consommateurs sauront-ils se passer de tomates en hiver ?
On peut trouver des tomates fraîches bio toute l'année… mais comme les non-bio, elles viennent de loin et sont peu écologiques ; il a fallu beaucoup d'énergie pour les produire et les transporter. Leur prix est conséquent. Avec les légumes de saison, on trouve mieux et plus amusant à manger. Les mêmes tomates brillantes toute l'année, c'est monotone… Place à la biodiversité, aux recettes créatives !
Que répondez-vous à ceux qui affirment que le bio coûte trop cher ?
C'est le thème de mon livre, difficile à résumer en trois lignes. Je répondrai que, le plus souvent, le bio vaut largement le prix qu'il coûte car ses qualités sont supérieures, pour la société, l'environnement et la santé du consommateur. Le bio est aussi une prise de conscience, et penser ne coûte rien. Avec quelques réflexes faciles, il est possible de se nourrir bio, bon et… bon marché.
Comment faire pour amener les enfants à aimer le bio ? Il faut dire que pâtes complètes et légumes cabossés, ce n’est pas toujours appétissant…
Il n'y a pas que les nouilles au beurre dans la vie ; préparez les pâtes comme en en Italie, cela change tout. Quant aux légumes, en général, ils sont coupés ou cuits… On intéresse les enfants en leur faisant goûter des saveurs variées, en leur racontant les histoires (vraies) des nourritures, de leur origine, comment elles poussent. En cueillant, en cuisinant avec eux… Avec un jardinet, ou même un balcon, c'est nettement plus visuel. Le bio offre un renouveau au cours de l'année, une prise de conscience des saisons, de la nature… à laquelle les enfants sont sensibles.
Pensez-vous qu’améliorer l’esthétique des emballages de produits bio pourrait les rendre plus attractifs ?
« Zéro vitamine dans les emballages », affirmait une campagne anti-emballages, qui a d'ailleurs été interdite. L'emballage coûte en matière, en énergie, en transport… et il est facturé au consommateur. Ensuite il faut encore payer pour l'éliminer dans les ordures ménagères. L'intérêt de certains magasins bio, dont les Biocoops, est de vendre en vrac, céréales, graines, fruits secs… moins cher que dans certains magasins non bio.
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